Légendes du commencement


Légende d'eau

Au commencement l’eau s’étendait sans bornes dans l’obscurité. Une eau morte, immobile enfermée dans une outre de ténèbres, sans vie.

Mbombo le dieu blanc régnait sur rien ni personne. Nchienge la déesse des eaux vivait dans l’espoir qu’un jour la lumière viendrait. Ils n’éprouvaient aucune attirance l’un pour l’autre et ils s’ennuyaient à mourir mais ne mourait pas.

Un jour, à force de fixer le vide nauséabond des eaux, Mbombo eut un haut le cœur, des douleurs d’estomac, quelque chose montait de ses entrailles vers sa gorge. Il vomit d’un seul trait le soleil, la lune et les étoiles. La lune et les étoiles se cachèrent en attendant la nuit,  le soleil monta haut dans le ciel. Il brilla de tout son or. L’eau s’évapora, se transformant en nuages. Apparurent les reliefs de la terre : collines, vallées recouvertes d’arbres et de buissons verts. Mbombo continuait à vomir. Il rejeta pêle mêle la première femme : le léopard, l’aigle, l’étoile filante, le singe, le premier homme, la médecine, l’éclair, l’enclume…

Le premier homme et la première femme éclatèrent de rire en se découvrant et partirent ensemble.

Quant à la déesse Nchienge elle accoucha subitement d’un fils et d’une fille, Woto et Labama. La légende ne dit pas si Mbbombo y fut pour quelque chose ou si la déesse fut fertilisée d’allégresse à la révélation du monde. Woto et Labama s’aimèrent, eurent des enfants dont ils barbouillèrent la peau avec de la vase noire. C’est ainsi que naquit la nation des Balubas.

D’après la légende de la création des Bakubas du Zaïre


Mottes de terres, lampes et folies

Au tout début du commencement la terre ressemblait à une grosse boule. Elle était simplement remplie d’eau.

Un jour le ciel s’est déchiré dans un énorme fracas de tonnerre et d’éclairs.  Des rochers, des cailloux, des grosses mottes de terre sont tombés. Les rochers se sont emboités les uns dans les autres tandis que les cailloux s’infiltraient dans les failles, les mottes de terre ont absorbé l’eau et sont devenues de la boue. Le tonnerre grondait, les éclairs zébraient le ciel et le vent soufflait en tempête.

Soudain tout s’est arrêté, le ciel s’est refermé, la nuit et le silence ont envahis la terre. C'est ainsi que le monde entra en existence.

De la boue sont nés les hommes. Ils étaient chétifs, sans muscle, sans force,  avaient le visage ridé et étaient aveugles. Ils se trainaient en pleurant. Parfois ils criaient en proie à des peurs inexpliquées. Ils se nourrissaient de la boue qu’ils avalaient avec des grands bruits de succion.

Cela a duré un temps… infiniment long.

Et puis, un jour la femme est apparue, lumineuse. On ne sait si elle était déjà là, invisible, attendant son heure,

Elle  a surgit à l’horizon et au fur et à mesure qu’elle s’approchait, sa tunique blanche flottant autour d’elle, ses formes s’épanouissaient, sa poitrine, ses hanches. dansaient.

Elle s’est penchée vers les hommes, elle les a pris chacun dans ses bras et les a emmenés dans sa maison.

Dans sa maison les hommes ont trouvé la chaleur et la lumière grâce à une grande lampe dans laquelle brulait de la neige. Oui, à cette époque la neige brulait.

La femme a nourrit les hommes, elle les a vêtus et les hommes ont grandi.

D'après une légende des esquimaux


La femme-peinte-en-blanc

Après que l'ancien monde eut été détruit par les eaux (même la mémoire fut inondée), le globe fut infesté de monstre et de démons démesurés. Ils sortirent des abîmes marins et envahirent la terre, caparaçonnés d'écailles ou de longs poils drus.

Un seul être humain avait échappé au désastre. C’était une femme qui s’était réfugiée au firmament : la femme-peinte-en-blanc, couleur de l’aube et de coquilles.

Elle se recueillait, solitaire lorsque son esprit lui inspira de retirer tous ses vêtements et de s’étendre sur le dos.

Des nuages passaient épais et noirs, l’air devenait lourd, le vent se levait dans les arbres dont les feuilles tremblaient. Le tonnerre gronda, il y eut d’énormes craquements, des éclairs passèrent rapides, furtifs.

La femme nue sous ce ciel noir s’offrait à la pluie vivifiante. Les gouttes s’écrasaient sur ses seins, ses hanches, formaient un sillon à partir du nombril. Toute cette fureur d’eau et de feu l’exaltait. Elle avait le sentiment d’entrer dans un courant qui l’emportait.

C’est ainsi que la femme fut fécondée et elle donna alors le jour au premier fils de l’humanité.

Selon les Apaches Chiricabuas

du Nord de l'Arizona

 

 

Les autres histoires arrivent, patience....     ;o)